Méditation pour le dimanche de Pâques B
« La lumière après la nuit… »
Ce sont des femmes, puis quelques hommes, qui ont affirmé que Jésus, dont ils ont constaté la mort le vendredi soir, est ressuscité au matin du troisième jour. De nos jours, on dirait que c’est pure folie, qu’il faudrait des enquêtes, des expertises pour entamer une amorce de vérité. Et puis, chers amis, est-ce que vous croiriez quelqu'un qui viendrait vous annoncer qu’un tel ou un tel de vos amis, dont vous avez pleuré la mort, est ressuscité ?
« Qui nous roulera la pierre ? » La question montre que les femmes n'avaient aucun espoir. Ce qui pousse ces femmes au matin de Pâques est un amour sans espoir. Elles cherchent tout naturellement un mort, le leur, parmi les morts. Et les voilà, désespérées mais remplies d'amour, devant le tombeau vide. Ces femmes crurent-elles au miracle de la résurrection de Jésus ? L'évangile n'en dit mot. Ce qu'elles ont vu ne leur apportait, pas plus qu'à nous aujourd'hui, une preuve contraignante. Mais la foi leur a été donnée comme une grâce. Celui qui croit que Jésus n'est pas resté prisonnier de la mort, qu'il est maintenant libre des chaînes de la mort et vivant, voit s'accomplir en lui le miracle de la lumière de Pâques. » Ce miracle de la foi est un mystère, tout comme la résurrection elle-même. Dieu agit en chacun de nous comme au matin de Pâques. Jésus nous trace un chemin au-delà de la mort. Nous n'avons pas de preuves, mais celui qui aime peut le deviner dans le secret de son cœur « L'amour est fort comme la mort ! » dit la Bible. « L'amour est plus fort que la mort » nous démontre le Ressuscité.
L'événement unique que les femmes annoncent au matin de Pâques, et que les disciples iront proclamer partout, ne concerne pas seulement une religion ou un peuple : c'est toute l'existence de toute l'humanité qui est concernée, c’est le devenir de chacun de nous qui est transformée. Mais si Jésus est ressuscité, il est bon de savoir, qu’il est d’abords descendu aux enfers : dans le Credo nous affirmons : « Il est descendu aux enfers et le troisième jour est ressuscité des morts » Et je crois, que cette descente aux enfers est révélatrice, car la résurrection y trouve tout son sens.
Jésus est descendu aux enfers, pour y rejoindre tous ceux que la vie n’a pas épargnés, ceux qui sont tombés si bas, qu’ils se sont crus aux enfers. Lorsqu’on est gravement malade on tombe si bas, qu’on touche le fond, lorsque la misère, les problèmes nous affligent, on tombe si bas que l’on croit être abandonné de tous, qu’on est seul au monde. Eh, bien le Christ est mort, il est vraiment mort pour nous, par amour pour nous rejoindre dans les enfers de nos vies.
« Alors qu’il fait encore sombre… » Dans le cœur des disciples de Jésus c’est la nuit, une nuit qui les fait douter. Souvent au fond de notre cœur, la nuit a pris place, nuit noire sans espérance, nuit envahie par la peur de ne plus voir le jour se lever. Ce matin-là, la pierre qui fermait le tombeau de Jésus a été enlevée. Marie-Madeleine est la première à constater les « faits », elle ne voit pas autre chose que la pierre roulée sur le côté. Ce qu’elle voit, ne fait qu’accentuer sa torpeur en la plongeant plus à même dans sa nuit.
Pourtant, pour Marie-Madeleine comme pour Pierre qui entre en premier dans le tombeau, la nuit continue, car tous deux n’ont pas encore laissé entrer la lumière dans leur cœur. Marie, une personne très âgée, ne comprenait pas pourquoi elle devait tant souffrir. Les yeux de son cœur, se sont soudain ouverts, lorsque dans la chambre d’à côté, une dame bien jeune encore lui dit : « je prie pour ceux qui souffrent plus que moi, pour qu’ils aient la joie de se savoir aimés de Dieu comme moi ! »
Jean quant à lui, en entrant dans le tombeau : « vit et crut. » Sa nuit, comme celle de cette personne âgée après sa rencontre avec la jeune dame a fait place à la lumière du ressuscité, pour vivre dans l’espérance. Demandons pour cette belle fête de Pâques, que le Seigneur enlève la pierre qui garde nos cœurs dans la nuit.
Amen