Méditation pour le 5ème dimanche de Carême B
« Si le grain de blé meurt… »
A la veille de sa mort, Jésus va accepter totalement le dernier défi qui lui est lancé dans sa vie, il ne cherche pas à s'y dérober. Il sait qu'il va être arrêté, jugé, torturé, mis à mort, et son premier réflexe est terriblement humain : « Père, sauve-moi de cette heure. » Il suppliera, de même, son Père au jardin de Gethsémani : « Que cette coupe s'éloigne de moi. » Comme chacun de nous, Jésus a éprouvé l'angoisse humaine à la perspective de la souffrance et de la mort qui l'attendaient.
Jésus aurait pu prendre peur et vouloir épargner sa vie, gagner quelques dizaines d'années, mais alors, ses paroles n’auraient plus eu de sens pour ceux qui l’ont rencontré : « Si le grain de blé ne meurt pas, il reste seul, mais s’il meurt il donne beaucoup de fruit… »
Nous avons tous un peu peur de la mort et la maladie nous fait souvent dire : « s’en est fini pour moi ! » Alors à quoi nous raccrochons-nous ? A la vie ou à tout ce que nous laisserons au soir de notre vie et dont on ne pourra plus jouir ? Cherchons à vivre selon l’Evangile, en se montrant humain, compréhensif, généreux, et cessons de vouloir assurer notre vie futile, c’est un combat perdu d'avance.
Lorsque notre chemin passe par un lit d’hôpital, une opération, une longue maladie ou tout simplement par une maison de retraite, on n’arrête pas de ruminer, de broyer du noir, à se demander mais qu’est-ce qui m’arrive, qu’est-ce que j’ai fait pour en arriver là ? On n’a l’impression que la vie est entrain de partir, que l’espoir, les projets qui nous faisaient vivre, s’envolent en un instant. « Mais qu’est-ce que j’ai fait de ma vie ? J’aurais encore tant à faire… » Mais pour l’instant, c’est l’arrêt brutal. Cloués au lit, plus envie de voir qui que ce soit, c’est le désert total, mais un désert où le Christ est à nos côtés. « Je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps. » Alors, j’arrive à me demander si ma vie a porté du fruit, si j’ai vraiment fait ce qu’il fallait faire !
Le plus beau fruit, et le Christ nous en donne l’exemple, c’est celui de l’amour. « C’est lorsque mes petits enfants viennent me voir, que je remercie Dieu pour l’amour qu’il me donne » disent souvent les personnes âgées ou les malades dont l’amour est si nécessaire pour leur guérison. Le fruit de l’amour, c’est cet amour que vous avez donné, et que l’on vous redonne au centuple !
Si Jésus nous dit aujourd’hui que celui qui se détache de la vie en ce monde, la gardera pour la Vie Eternelle, c’est qu’il veut que nous en retrouvions le sens essentiel, c’est-à-dire, d’essayer de vivre dans la simplicité, la joie, l’amour, la prière, le partage, la charité. Sommes-nous forcément plus malheureux que d’autres si nous n’avons pas gagné beaucoup d’argent, si nous n’avions pas une belle maison ? Des fruits ? Mais regardez les visites que vous avez, les amis qui viennent, les personnes qui prient pour vous et vous aurez compris !
Une jeune maman, malade, espérait contre toute attente, car elle voulait vivre et le seul désir qu’elle avait encore c’était lorsque ses trois enfants venaient la voir. Elle ne voulait pas parler de la mort, elle ne voulait pas l’évoquer où montrer à ses enfants qu’elle était presque au terme de son passage sur la terre. « Mes enfants ont tant besoin de moi » « vous êtes une bonne maman, vous avez tout donné pour eux et ça qui pourrait l’oublier ? … »
Mais elle est décédée laissant trois jeunes enfants… Cette tranche de vie, c’est l’Evangile d’aujourd’hui, c’est Jésus qui compare sa vie à un grain de blé qui va tomber en terre, mais qui va porter du fruit, c’est la vie de cette jeune maman, tombée en terre et qui porte des fruits pour aider ses enfants à continuer à avancer dans la vie.
Si certains tiennent à garder leur vie pour eux, d’autres ont compris que perdre sa vie, c’est la donner, c’est la gagner. « Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera. » Alors n’ayons pas peur de mourir à ce qui nous éloigne de Jésus, comme le péché, l’égoïsme la routine, puisqu’au bout de notre chemin, il y a Pâques.
Amen