Méditation pour le 34ème dimanche ordinaire A
« Audit, sur notre foi au Christ !… »
Il n’est pas facile d’accompagner une personne qui va mourir. Elle porte en elle tant d’interrogations. Elle est inquiète, elle ne sait pas comment cela va se passer, elle a peur, elle voudrait bien savoir. Bien que personne ne soit jamais revenu nous dire comment cela se passera, des scientifiques, des chercheurs ont aussi essayé de percer ce mystère, car elle reste bien pour nous tous un Mystère.
Le récit du jugement dernier que nous venons d’entendre, tout le monde est capable de s’en faire une image. D’un côté, il y aura les bons qui sont récompensés, et de l’autre, les méchants qui sont punis. De quel côté serons-nous ? Parmi les bons ou parmi les méchants ? Le seul Juge sera Celui qui connaît tout de nous, et nous ne pourrons pas tricher avec lui. Peut-être que sur notre chemin au cours de notre vie, longue ou courte, nous aurons oublié de regarder le pauvre qui tendait la main vers moi ou peut-être serai-je celui qui a donné à manger aux affamés, habillé ceux qui étaient nus, soignés les malades, visités les prisonniers...
L’audit que le Seigneur nous propose je lui donnerai bien comme nom : « Qu’as-tu fait de ta vie ? Qu’en fais-tu ? » Dans le récit de St Matthieu, pourtant quelque chose cloche ! Je m’explique : lorsque les méchants sont condamnés, chacun à son tour essaye de se défendre, et qui ne le ferait pas ? Chacun d’eux répète à son tour : « Mais quand est-ce que nous t’avons vu nu, malade, affamé, en prison... ? » Sous-entendu : « Tu penses bien, que si nous t’avions vu, toi notre Dieu, dans cet état, à tendre la main ou en train de souffrir dans un lit d’hôpital ou pleurer derrière des barreaux de prison, nous ne t’aurions jamais laissé comme cela, nous aurions tout fait pour toi... Tu nous connais, n’est-ce pas ? » Il faut bien dire, que souvent se sont nos propres excuses, excuses derrières lesquelles nous tentons de nous réfugier. Mais jusque là, pas de problèmes, on comprend leur attitude. Puis c’est autour des bons... et oh stupéfaction, ils formulent exactement la même question à l’encontre du roi « mais quand est-ce que nous t’avons vu ? ... »
Alors pourquoi les bons sont-ils récompensés ? Non pas, parce qu’ils ont aimé Jésus à travers les pauvres, mais pour avoir aimé les pauvres pour eux-mêmes. Ils n’ont pas aimé les pauvres par exigence, mais simplement comme on aime, ses parents, ses frères, sa famille. Ces bons n’ont pas agis pour Jésus en espérant une récompense, en accumulant des « mérites », ils ont tout simplement agi comme Jésus l’aurait fait à leur place.
Alors, je crois que l’audit que nous propose le Christ aujourd’hui, ne sera pas à faire au dernier jour, il convient de le faire dès maintenant, et de sortir de nos culpabilisations et d’en vouloir à Dieu pour tout ce qui nous arrive. Une personne âgée avant de mourir me disait son inquiétude : « J’ai peur, je n’ai rien fait dans ma vie. » Alors, comme pour les disciples d’Emmaüs, nous avons ensemble, retracé son parcours, et il faut dire, qu’elle avait beaucoup aimé, les siens, dans son quartier. Elle n’avait rien fait d’extraordinaire, mais elle avait aimé. Alors, je lui ai dit : « Si vous avez fait tout cela avec amour, avec votre cœur, tout naturellement, vous n’avez rien à craindre, Dieu ne se souvient que des gestes d’amour envers les autres. »
Oui, frères et sœurs, au jour du jugement, nous serons devant Dieu, parmi la foule, et il ne nous demandera pas si nous sommes catholiques, protestants, juifs, musulmans, croyants ou athées. La sanction tombera comme le couperet : « As-tu été humain envers tes frères ? » « As-tu aimé les petits ? » Ces simples critères, doivent nous donner à réfléchir, dès maintenant.
Alors que faire ? Je crois que tout simplement, il nous reste à aimer, et ce n’est pas si facile, aimer sans penser à une quelconque récompense, se donner sans attendre de retour. Peut être alors, que dans notre monde où tout se monnaye, où tout à un prix, la misère reculera, et que l’amour le vrai triomphera. Gardons notre lampe allumée, soyons vigilants, car nous ne savons ni l’heure, ni le jour où le Seigneur viendra nous prendre. Veillons dans l’amour…
Amen