Méditation pour le 29ème dimanche ordinaire A
« Rendez à César ce qui est César et rendez à Dieu ce qui est à Dieu ».
Nous avons tous déjà eu cette parole sur nos lèvres. Cette parole, que nous venons d’entendre est l’une des plus connues, l’une des plus fameuses de Jésus, nous l’avons souvent sur nos lèvres, surtout lorsqu’il s’agit de restituer la pièce, le billet, prêtés auparavant. Cette parole, aujourd’hui nous interpelle, surtout dans notre monde matérialiste, où on pratique le chacun pour soi et Dieu pour tous comme on a l’habitude de dire. Demandons-nous ce que Jésus a bien voulu dire en nous livrant cette parole !
La scène se passe donc à Jérusalem. Nous sommes à l’approche de la fête de la Pâque. Période explosive, parce que Pilate, le procurateur romain, est dans la cité Sainte. Les juifs sont ulcérés ! Ils souffrent, bien sûr, de l’occupation romaine mais ils la vivent aussi comme une profanation, car les autorités païennes divinisent l’empereur. César, c’est leur dieu. Un empereur qui a droit de vie ou de mort sur les hommes…
Le moment est alors bien choisi. Deux groupes qui se détestent mutuellement, les pharisiens et les hérodiens, acceptent de se liguer pour déstabiliser Jésus, qui est reconnu par la foule comme étant le grand prophète de Nazareth. Et tous les moyens sont bons pour arriver à leurs fins. On le flatte, on lui parle bien, on essaye de l’amener sur le chemin sur lequel il ne lui sera plus possible de faire marche arrière. Lorsqu’on vous parle de cette sorte là, c’est que cela cache quelque chose. Nos enfants lorsqu’ils veulent quelque chose, emploient ces mêmes méthodes. « Maman, tu sais que je t’aime ? Tu n’aurais pas dix euros à me donner ? » Mais Jésus, lui ne se laisse pas prendre, il connaît les hommes, il connaît leur cœur, il sait ce dont ils sont capables…
Alors en une question, ils pensent que le piège est tendu : « Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur ? » C’est du moins ce qu’ils pensent. Jésus est mis au pied du mur. Obligé de choisir son camp : pour ou contre César. S’il choisit César, il passera pour un collaborateur, et il sera montré du doigt, lui qui se dit être le Messie… et s’il refuse de payer l’impôt, les romains l’arrêteront.
Mais en guise de réponse, Jésus leur demande de lui montrer une pièce, une simple pièce avec l’effigie de l’empereur. Jésus, alors, devant une pièce d’argent romaine, avec dextérité et peut-être avec un sourire, donne sa réponse : « Alors rendez à César ce qui est à César. » Mais au grand dam de ceux qui le voulaient faire tomber, Jésus ajoute « et à Dieu ce qui est à Dieu. »
L’argent sert bien à quelque chose, il n’est sale, que lorsqu’il a été gagné au détriment d’un autre. Non l’argent sert surtout à vivre, à acheter, à payer son loyer, à recevoir le fruit de son travail. Mais avec de l’argent on peut tout faire, même acheter une vie, comme l’a fait au soir du Jeudi Saint, Juda. Jésus sait tout cela.
Alors s’il faut rendre à César ce qui est à César, en l’occurrence les pièces, pour payer les impôts, que faut-il rendre à Dieu ? Je crois que de nos jours, nous sommes tellement pris par le matériel, que nous ne distinguons plus ce qui nous vient de Dieu. Nous avons l’impression de devoir tout acheter, de tout monnayer.
Deux jeunes me racontaient qu’ils étaient allés rentrer du bois pour une personne âgée. Au moment de partir, elle leur tendit des billets : « C’est pour vous ! » Mais ils refusèrent, lui disant qu’ils voulaient simplement lui faire plaisir. Oui, rendre à Dieu, c’est se rendre compte que l’on a reçu énormément dans la vie, que tout n’a pas été que du mauvais, mais qu’il y avait aussi du bon. Peut-être que nous verrons en moins scrutant le compte bancaire que Dieu nous a donné des choses qui valent bien plus que tout l’or du monde, comme la vie, la nature, les grâces quotidiennes, la joie.
Mais ne mettons pas César d’un côté et Dieu de l’autre… Ce serait une grosse erreur, car on n’est pas chrétien, que le dimanche lorsqu’il s’agit d’aller à la messe, c’est tous les jours que nous avons à être des chrétiens baptisés. Nous savons bien, que notre relation à Dieu ne se vit que dans la rencontre avec notre prochain, qu’à travers l’amour que nous déployons. « Tout ce que vous aurez fait à l’un de ces petits c’est à moi que vous l’aurez fait ! » C’est à Dieu et pour Dieu que nous l’aurons fait.
Alors rendre à César et rendre à Dieu, c’est vivre selon l’Evangile, c’est aider tous les hommes à réaliser le projet de Dieu. Et la monnaie que nous avons à utiliser, c’est celle qui nous permettra un jour d’entrer dans le Royaume de Dieu, c’est celle à l’effigie de l’amour.
Amen