Méditation pour le 22ème dimanche ordinaire A
« Quelle est notre croix ?… »
Les Evangélistes nous rapportent souvent des parles qui travaillent dans notre cœur et cela nous fait du bien, mais aujourd’hui dans l’Evangile, ce sont des paroles un peu dérangeantes que nous interprétons souvent très mal, car nous pensons à tord que Jésus nous appelle à souffrir, comme lui sur la croix de nos vies. Bien sûr, toute croix veut dire « souffrance » et nous sommes d’accord, que si nous pouvions être épargné de cette croix de douleur, de souffrance, si on pouvait l’esquiver on ne s’en porterait pas plus mal. Si quelqu'un venait nous voir et nous disait qu.il aime la souffrance et qu’il fait tout pour la multiplier, nous serions inquiets. À première vue, cela n'apparaîtrait pas très sain. Mais, Jésus ne dit pas : Qu'il prenne ma croix. Il dit plutôt : Que chacun prenne sa croix et que chacun l'assume comme lui a assumé la sienne.
Freddy, Alain, Guy, Vincent, Marianne, Alice… Et les nécrologies nous rapportent tous les jours que des jeunes sont partis subitement, qu’ils avaient 20, 30 ou 50 ans, en pleine santé souvent, en se demandant ce qui leur est passé par la tête pour faire ce geste. Le suicide est la première cause de mortalité. Ces femmes, ces hommes ont simplement choisi de ne pas porter leur croix, de ne pas prendre sur eux la croix que chacun de nous doit porter. On ne l’a jamais vue, notre propre croix, mais souvent l’expression dit bien : « vous portez une lourde croix…. Dieu ne vous a pas épargné en vous confiant une croix abominablement lourde… »
La vie est précieuse, alors qui aime se perdre soi-même ? Qui aime mettre de côté ses plaisirs ? Qui aime perdre son repos ? Personne n'aime perdre quelque chose ! Si nous voulons comprendre quelque chose à la logique de Dieu, il faut oublier notre pensée logique, notre manière de comprendre et notre vision des choses. Il faut oublier notre manière humaine de juger, de sinon nous n'allons rien comprendre, nous allons refuser de « porter notre croix » car cela est très difficile et même effrayant.
C'est à ses disciples que Jésus a dit : « Si quelqu'un veut me suivre, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la Bonne Nouvelle la sauvera. » Nous avons du mal à comprendre et cela nous effraie, car on pense très vite à la mort, et la mort nous fait peur parce qu'elle est contre nature. Jésus ne nous demande pas de souffrir pour « gagner son ciel » mais en nous disant de porter notre croix, il veut nous dire de le suivre, sur le chemin de la vie, il veut nous dire en portant lui-même sa croix, que dans la vie, nous serons amenés à affronter le pire, à porter lourd des moments difficiles, comme la perte d’un être cher.
Jésus ne nous demande pas d’accepter la croix, mais de prendre sur soi, la croix, c'est-à-dire de le suivre. Au jeune homme riche, Jésus ne lui dit pas qu’il lui manque la croix, il lui dit simplement de renoncer à lui-même, de vendre tout ce qu’il a et de le suivre. Celui qui voudra être un de ses vrais disciples, devra non seulement renoncer à lui-même, mais aussi se charger de sa propre croix.
Nos croix, nous aident à comprendre la souffrance des autres, nous aident à dire aux autres, je suis chrétien, je marche à la suite de Jésus.
Devant une personne éprouvée, il arrive qu'on entende dire : « Que voulez-vous, chacun doit porter sa croix ! » Il faut le dire et le redire : la croix ce n'est pas la maladie, ni le malheur, ni le chômage, ni la torture, même si c'est très lourd à porter et même si cela comporte des tourments physiques et moraux. Porter sa croix c'est accepter le risque de la fidélité, le risque d'être incompris, bafoué et mis à mort. C'est accepter de donner la priorité au service des autres. Oui, nos croix sont multiples.
Il y a neuf ans, le regretté Père Arthur Bohn nous quittait. Toute sa vie, il a suivi le Christ, et la croix qu’il portait était celle qui expliquait l’Evangile, alors aujourd’hui, il nous dit aussi, « N’ai pas peur, laisse-toi regarder par le Christ… » Ta croix est la clé qui ouvre le paradis.
Amen