Méditation pour le 19ème dimanche ordinaire A
« N’ayez pas peur… »
Permettez-moi de vous posez quelques questions, sorte de questionnaire pour évaluer votre peur : Quand avez-vous vous eu peur pour la dernière fois ? Une peur qui vous a traversée, une peur qui vous a presque fait perdre vos moyens ? En avez-vous parlé à quelqu’un ? Vous êtes-vous confié à quelqu’un ? Qui vous a rassuré ? Les enfants, l’aide-soignante, le médecin, le visiteur de malade, un inconnu, la psychologue ? En tant que croyants, quand avez-vous eu besoin de Jésus ? Quand l’avez-vous appelé à l’aide ? Que lui avez-vous demandé ?
Un super questionnaire qui nous permet de comprendre l’Evangile d’aujourd’hui. On est si souvent fort, on a peur de rien, rien ne nous arrête, on pourrait même passer par le feu… Alors, qu’est ce qui nous fait peur ? Pierre, Saint Pierre, avant de rencontrer Jésus, était pêcheur, il savait ce qu’était une tempête, surtout sur le Lac de Tibériade où les coups de vents étaient soudains et souvent terribles. Mais comme on le dit : à force, on apprend à affronter, on se forge une carapace… On n’a plus peur. Mais pour notre Pierre, ce n’est pas la tempête qui lui fait peur, c’est l’ombre de Jésus, qui s’avance sur la mer et qu’il ne reconnaît pas, car il croit voir un fantôme… C’est l’inconnu qui fait peur, ce que je ne connais pas. Lorsqu’il m’arrive quelque chose, que je n’avais pas encore, je suis déboussolé, je prends peur de ne pas m’en sortir. Mais imaginez un instant ces hommes dans le bateau, qui affrontent les vagues, le vent qui ne souffle pas dans le bon sens mais c’est un vent contraire… Qu’est-ce qui leur arrive ? Et Jésus qui n’est pas là. C’est une pêche qui se passe mal, c’est la nuit noire, pas un seul moment de répit, ils ont certainement peur aussi, et comme on le dit souvent : « on ne sait plus à quel Saint se vouer à ce moment-là… » N’est-ce pas ce qui nous arrive, la nuit, lorsque plus rien ne va, lorsqu’on s’imagine toute chose, lorsqu’on se débat dans le lit, regardant trente-six fois sur le réveil, attendant le que le jour se lève au plus vite ?
Et comme souvent, vers la fin de la nuit, ça allait mieux… ça allait mieux, car on avait moins peur, on savait que le jour allait se lever, que le médecin allait passer, que les mots de l’infirmière allaient nous réconforter. Pierre lui voit une ombre qu’il prend pour un fantôme, tous crient… Mais Jésus leur dit : « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur. » Et Jésus marche sur les eaux, non pas pour montrer sa supériorité, mais pour nous dire qu’il vient vers nous, si nous lui faisons confiance. Dieu ne se manifeste pas en ne faisant que des miracles, ni dans le feu, ni dans la tempête, mais dans le silence, la brise légère. Il vient juste nous tendre la main, pour venir dans notre bateau chahuté.
Nous naviguons aussi très souvent sur une mer agitée, battue par les vagues à cause du vent contraire. Quand vient la tempête, comme Pierre, nous marchons au début sur les eaux avec confiance. Mais voyant la marche se prolonger et le rivage encore loin, nous perdons pied, nous perdons confiance, car on se dit : « Mais que fait Dieu, où est-il ? Ne voit-il pas que je m’enfonce, que je suis au plus mal ? ». Nous avons peur de nous enfoncer. C'est alors le moment d’entendre la parole que Jésus adresse à ses disciples : confiance ! C'est moi ; n'ayez pas peur ! Une main nous est tendue. C’est celle de Jésus ressuscité.
Dieu peut sembler absent de nos vies, mais comment voir, qu’il nous est présent quand même ? Dieu nous tend la main ; sa main a été percée par les clous, car Jésus a vécu l’angoisse et la souffrance. Il s’est engagé de tout son être pour affirmer sa confiance en son Dieu, un Dieu Père qui aime les hommes et les femmes sans réserve, qui les redresse quand ils sont courbés, qui leur rend visage humain quand ils sont défigurés par le mal, qui les sauve des eaux profondes de l’inhumain.
La peur, nous l’avons déjà connue : elle est mauvaise conseillère. Mais une chose est sûre, nous ne pourrons pas rejoindre l’autre Rive, sans affronter les tempêtes, sans supporter les épreuves des vagues, celles du vent contraire. Alors, mettons-nous à prier et disons : « Jésus, j’ai confiance en toi… »
Amen