Méditation pour le 18ème dimanche ordinaire A
« C’est à ton tour de donner… »
L’Evangile de la multiplication des pains, est un Evangile que nous connaissons bien, puisque les autres évangélistes en parlent aussi du signe de la multiplication des pains. Nous sommes en fin d’après-midi, la journée a été riche, il y avait là une foule très nombreuse, on nous parle d’environ cinq mille hommes, sans les femmes et les enfants. Jésus leur avait parlé, il avait rencontré et guéri des malades, des possédés, on est certainement venu lui raconter ses misères, on est venu pour le toucher… mais surtout pour l’écouter. Au chapitre précédent, Matthieu nous rapporte 7 belles paraboles sur le Royaume. Aujourd’hui, il nous rapporte le geste inouï de la multiplication des pains. Quelle chance ont donc eu tous ces gens de pouvoir approcher Jésus, le Fils de Dieu. Si on nous rapporte ce qui s’est passé sur cette colline, c’est pour nous faire entrer, dans le désir de Dieu, dans son plan d’amour, car chaque geste est pour nous faire découvrir l’amour de Dieu pour les hommes.
Ces hommes, ces femmes et ces enfants, sont venus les mains vides, pour entendre la Bonne Nouvelle, une parole qui donne l’espoir, une Parole nouvelle : « Jamais un homme n’a parlé comme cet homme… » Nous rapportera St Jean. Et pour nous ? Avec qui êtes-vous venus ? Toute cette foule n’a pas trouvé le temps trop long, elle était suspendue aux lèvres du Christ.
On ne nous dit pas que les gens ont faim, si non tous au bout d’un moment seraient repartis chez eux, en disant « c’est l’heure de manger, j’ai faim, mon ventre grogne… » Rien de tout ça, ce qui les nourrit, ce sont cet amour et ces paroles du Royaume de Dieu. Et nous serions nous partis ? Serions-nous restés ?
Et voilà que Jésus s’occupe d’eux, il sait que le corps a besoin de consistance, et puis après l’enseignement, il y a le partage. Ses Apôtres lui disent de les renvoyer, mais Jésus leur dit une parole inouïe : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ! » Que devaient penser ses amis de cet ordre ? « Mais Jésus, on est dans un endroit désert, où chercher du pain pour tant de monde ? Et puis, on n’a pas l’argent suffisant pour les nourrir tous. » En réalité, que faire, comment faire ? Jésus sait ce qu’il va faire, il fait distribuer le pain et les poissons, car il voit plus loin que la foule qui ne voit que la nourriture matérielle qui va combler sa faim physique… Il annonce une autre nourriture, pour combler une autre faim.
Oui, Dieu s’occupe de nous, ayons confiance. Jésus va multiplier le peu qu’on lui apporte. Les Apôtres viennent avec 5 pains, de petites galettes de riz, et deux poissons grillés, de quoi combler un estomac d’enfant. Ridicule me direz-vous ? Pas si ridicule que ça, car à partir de rien, Dieu multiple. Il y a cette sainte que j’affectionne beaucoup, qui disait le soir dans sa prière : « Je n’ai plus de pains pour nourrir les pauvres petits Jésus comme elle les appelait, regarde ce que tu peux faire Seigneur… » Et le lendemain, le panier était plein de petits pains… C’est le miracle de la confiance. En venant à la messe, en déposant au pied de l’Autel , nos cinq pains et deux poissons, quelle confiance accordons-nous à ce que Dieu va faire pour nous ?
Oui, Jésus voit plus loin, il sollicite les mains des Apôtres pour donner, c’est par ce geste, qu’ils comprennent la faim des autres et la joie de donner, à ceux qui ont faim. Oui, c’est avec nos mains de disciples missionnaires, que nous allons reconstruire, redonner du courage, visiter les malades, secourir les pauvres, annoncer l’amour de Dieu. Ce sont les mains que nous bénissons lorsqu’un couple se marie, car ils sont unis pour tout partager et pour tout supporter.
Oui, lorsque Jésus multiplie, il multiplie et il y a même des restes, et en grandes quantités. Ces restes, on n’en fait quoi ? Et c’est là que commence notre devoir envers notre prochain, rien ne doit être jeté, car avec un petit rien Dieu va le multiplier.
En méditant cet événement, comment ne pas penser que le Christ nous demande, aujourd'hui, d'accomplir nous aussi de petits miracles pour que plus personne sur terre n'ait faim, n'ait soif. Si nous le voulions et si nous savions nous organiser, nous y arriverions. Ce n'est pas le pain qui manque, mais la volonté de le partager équitablement. Nous dépensons des milliards pour la fabrication d'armes, il suffirait de consacrer une partie seulement de cet argent pour la lutte contre la faim, et c'en serait fait.
Alors pour terminer, je crois que c’est à notre tour de donner, d’entrer dans cette chaîne où toutes les mains sont celles bénies par le Christ pour nourrir tous ceux qui ont faim d’amour et soif de Dieu. Que l'Eucharistie nous rende attentifs à ceux qui manquent de pain et qu'elle creuse notre désir du pain de Dieu. Amen