Méditation pour le 34ème dimanche ordinaire
« Un roi venu pour servir et non pour être servi…»
« Es-tu le Roi des Juifs ? » Voilà la question que pose Pilate à Jésus. C’est un interrogatoire, Pilate voudrait bien savoir en tant que juge… Et comme à son habitude, Jésus engage le dialogue avec son accusateur, en lui posant une autre question, comme pour le faire réfléchir lui-même, pour lui faire dire ce qu’il en pense personnellement ! « Dis-tu cela de toi-même ? »
Oui, Jésus est Roi ! En tant que malade, nous aimerions aussi l’interroger, lui demander comment, un roi est capable de supporter que ses sujets se plaignent des nombreux malades dans les hôpitaux, de ces personnes battues, de ces attentats meurtriers ? Et puis ne lui demanderions-nous pas de nous dire où il était pendant que le mari mourait dans d’atroces souffrances, pourquoi il n’a pas levé le moindre doigt pour arrêter la guerre, l’extermination des juifs dans les camps de concentration ? Ne lui dirions-nous pas au contraire : « Es-tu vraiment Roi ? »
Et comme au tribunal, Jésus attendrait que l’on n’ait plus rien à dire, que l’on ait vidé notre sac ! Alors doucement, il nous demanderait : « Lorsque tu aimes quelqu’un et qu’il lui arrive malheur, ne souffrirais-tu pas avec lui, par compassion, par amitié, par amour, parce qu’il est ton frère, ton père, ta mère, ta sœur ? » « Je ne suis pas le Roi que tu imagines, ma seule arme, ma seule défense c’est : L’amour. »
Un Roi sans palais, mais un Roi qui est venu « pour servir et non pour être servi. »
« Je suis passé par là… » Souvent, il nous arrive de repenser aux moments intenses de luttes contre la maladie, aux nombreux séjours dans les hôpitaux, aux nombreux examens, au cours desquels on avait l’impression de n’être plus un être humain. Alors en voyant d’autres lutter, à souffrir, on se dit à soi-même : « un jour, tu es aussi passé par là. »
En regardant Jésus cloué sur la croix, son visage marqué par la souffrance, par l’humiliation, par les coups endurés, on se dit que cela n’a pas été simple, pourtant ce qui est arrivé à Jésus, il l’a accepté, lui un Roi peu ordinaire. Aussi, tous ceux et celles qui connaissent les chemins de la souffrance sont touchés par ce visage, car Jésus est passé par là.
Jean, pour ce dernier Evangile de l’année liturgique, nous rapporte la scène de l’interrogatoire avec Pilate, où Jésus est sommé de lui dire s’il est roi. Jésus lui répond simplement : « Ma royauté ne vient pas de ce monde… » Jésus est roi, et il est venu dans le monde, pour nous ouvrir les portes de son Royaume, pour y faire entrer tous ceux qui souffrent, comme ceux qu’il avait remarqués sur la montagne : les pauvres, les doux, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de la justice, les miséricordieux, les artisans de paix, les cœurs purs, les persécutés. Il l’avait bien dit : le Royaume des cieux est à eux.
A nous qui sommes âgés ou malades, le « Roi de l’amour » s’occupe de nous, dans son Royaume nous aurons aussi une place.
Quel roi, pour quel univers ? Rappelez-vous, Il est né dans l’anonymat le plus total, dans un abri de berger, ignoré des puissants de ce monde, Jésus l’humble fils du charpentier de Nazareth, prédicateur, guérisseur, qui a sillonné les routes de la Palestine pendant trois années de vie publique, pour enfin terminer sa vie, cloué sur une croix comme un vrai bandit, entouré par deux malfaiteurs. En quelques mots, je viens de vous tracer le portrait, du « Roi de l’Univers »
Il nous arrive d’imaginer Dieu, comme le Tout-puissant, venant au secours, de ceux qui sont tués, torturés. Souvent on le représente portant une grande couronne sur la tête, entouré par des anges. Mais Jésus n’est pas ce genre de Tout-puissant. Jésus est seul, il est dépouillé, il est bafoué, on lui crache à la figure, et il porte une couronne d’épines. Jésus fait pitié, et c’est à lui que l’on voudrait porter secours.
La Toute-puissance de Jésus pourtant, réside en son amour, voilà sa seule arme, mais quelle arme ! Elle change les hommes. Souvent nous voudrions que ça change autour de nous, car nous sommes conscients que cela ne peut pas continuer ainsi. Souvent nous voudrions dicter à Dieu ce qu’il devrait faire pour nous pour les autres. Nous redonner la santé, nous redonner des forces…
Dieu, nous veut heureux. Son règne est un règne d’amour, et il n’a pas d’autres mains, que les nôtres pour construire ce règne d’amour. Même malade, fatigué, âgé, Dieu à besoin de chacun de nous pour travailler à l’avènement de son Royaume.