Méditation pour le 4ème dimanche ordinaire
« Heureux serez-vous ! »
Ce n’est pas sans peine et sans efforts que chacun de nous essaye de vivre dans une société, où il est question d’une course au bonheur. On nous promet monts et merveilles, des instants de bonheur, un confort mobilier, des voitures de plus en plus spacieuses, des vacances de plus en plus lointaines, une espérance de vie tellement plus longue, que l’on ne finit pas de vivre. Un travail, où les Euros tombent tous seuls dans la poche, en un mot, un monde tout beau et tout gentil où le bonheur n’a qu’à a être cueillit, un peu comme un fruit très rouge, mais dont on vous a caché, qu’il a subit une mutation, et pas mal de couches de colorant, de pesticide pour espérer le vendre. Car vous l’avez compris, l’essentiel est de vendre… Vendre pour que cela rapporte, et peu importe les conséquences, si la personne attrape un cancer, elle aura eu en goûtant une belle pomme, un instant de plaisir, avec une saveur, jusque-là inégalée. C’est ce genre de bonheur hélas qu’on nous vend…
C’est sûr, que de nos jours, la Parole de Dieu a du mal à être entendue, au milieu du bruit, des télévisions en marche du matin à très tard le soir, parmi les ordinateurs branchés sur Internet ou des consoles de jeux, puis on détourne votre regard de cette Parole en arrosant vos boîtes à lettres par des tonnes de pubs, où tout y est presque pour rien.
Alors lorsque vous entendez le Christ faire son enseignement sur la montagne, lorsque vous l’entendez dire : Heureux les pauvres de cœur ! Heureux les doux ! Heureux les miséricordieux ! Heureux les cœurs purs et droits ! Heureux les affamés de justice et les artisans de paix ! On se dit bien sûr il n’y a que Dieu pour dire cela ! Nous, nous voulons vivre autrement, nous voulons en profiter dans cette vie aussi. Mais regardons de près ce que le Christ veut nous faire voir : Il nous fait voir les pauvres de cœur, ceux qui font grandir les autres en reconnaissant leur valeur et leurs richesses, et ils en sont heureux. Bien sûr !
Quelle différence, avec celles et ceux qui sont indifférents aux victimes de l'injustice et de la guerre qui défendent leurs petits plaisirs égoïstes, qui ne connaissent pas le grand bonheur d'une solidarité.
Parmi les neuf béatitudes qui seront à nouveau proclamées ce dimanche, il y en a donc six que nous pouvons ratifier sans trop de réticences. Mais il y en a trois autres qui nous restent en travers de la gorge : « Heureux ceux qui pleurent ! Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice ! Heureux ceux qui sont insultés, persécutés et calomniés à cause de leur foi ! ». Ces trois béatitudes-là constituent un véritable défi au bon sens. Je crois que pour pouvoir les proclamer en vérité, il faut avoir été soi-même, comme Jésus, attristé jusqu'aux larmes, persécuté et calomnié. Il faut avoir constaté et vérifié par soi-même que, même au creux du malheur, il est encore possible d'être attentif aux autres et de vouloir les aider. Avoir remarqué que d’autres autour de nous, souffrent plus que nous. Mais en tout cela, Dieu reste à nos côtés, en nous soutenant par son amour. Au cœur du malheur, des malades, des personnes âgées rendent grâce à Dieu de la vie, et me disent que sans l’amour de Dieu, jamais ils n’auraient pu combattre ces terribles moments.
Pour terminer, au cœur de toutes ces Béatitudes, j’en rajouterais bien une dixième où il serait dit : « Heureux ceux qui rêvent et qui espèrent » Ceux qui rêvent et espèrent, que leur enfant guérira, que leur mari retrouvera bien vite du travail, que la paix viennent dans le cœur de ceux qui font la guerre, que ceux qui n’ont pas de papiers, bientôt seront intégrés, que les mal-logés, ceux qui doivent finir le mois avec quelques euros seulement en poche, retrouvent dignité et une place dans la société ! Il n’est pas interdit de rêver et d’espérer. Car avec beaucoup d’amour, Dieu nous donne la force de les accomplir.
Oui, chacun de nous veut arriver à trouver et à obtenir le bonheur, mais le bonheur, selon Jésus, c’est d’aimer comme lui. Alors qu’attendons-nous ? Mon bonheur le plus révélateur, c’est dans les yeux d’un enfant, dans son sourire, dans sa capacité d’aimer qu’il se révèle à moi. « Laissez venir à moi les petits enfants, et si vous n’êtes pas comme eux, vous n’entrez pas dans le Royaume des Cieux ! » Le bonheur d’aimer, un bonheur qui ne s’achète pas, mais qui exige d’aimer comme Dieu…
Amen