Méditation pour le 3ème dimanche de l'AVENT
« Es-tu Celui qui doit venir ?… »
Jean-Baptiste du fond de sa prison s’est mis à douter. Il ne sait plus ce qu’il doit penser de Jésus qu’il avait baptisé dans le Jourdain. Il semble tellement douter de Jésus qu’il envoie ses disciples lui demander : « Enfin, es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »
Déçu ? Mais pourquoi ? Peut-être parce que le Messie ne se présente pas comme il l’attendait, c’est-à-dire comme un messie triomphant délivrant Israël de ses ennemis. Alors se serait-il trompé ?
A voir Jean-Baptiste douter de la sorte, cela peut quelque part me rassurer, car je crois que moi aussi, il m’arrive de douter de Dieu. Souvent il m’arrive de dire à d’autres : « Je ne comprends plus ce qui se passe dans notre monde, je ne comprends plus Dieu, qu’est-ce qu’Il peut bien faire ? » Et mes questions ressemblent aussi à celles de Jean-Baptiste en me demandant : où est-il lorsque ma mère se meurt, lorsque la petite fille est restée coincée sous un éboulement lors d’un tremblement de terre ou lorsque des jeunes meurent du cancer ? Est-il vraiment Dieu pour qu’il y ait encore tant de souffrance dans les hôpitaux ?
Mais Jésus nous invite à regarder autour de nous, de voir tant de transformations, à voir toutes ces résurrections qui échappent à nos yeux.
Jean-Baptiste voyait le Messie comme un Juge venant faire le grand ménage : les justes d'un côté, les pécheurs de l'autre. Il utilisait l'image de la cognée prête à frapper l'arbre mort, et de la pelle à vanner séparant le grain de la paille. Et Jésus est la miséricorde même, fréquentant les pécheurs ! N'y a-t-il pas de fausses images de Dieu qui traînent encore en nous, nous empêchant de rencontrer vraiment Jésus ?
Nous avons à bien observer, que le Royaume promis par Dieu, c’est avant tout celui de l’amour. Une personne âgée disait : « Ce n’est pas le monde qui a changé, ce sont les hommes. » Oui, car nous n’avons plus de patience pour rien. Regarder, une maman qui attend un heureux évènement, elle vit dans la joie jour après jour, elle sait le temps qu’il faut pour que son enfant grandisse. A nous aussi, il est demandé de la patience, et être patient, cela ne veut pas dire, rien faire, être inactif, être patient, c’est savoir accueillir avec amour, c’est savoir ouvrir son cœur, c’est voir et entendre.
Alors peut-être nous dirons-nous : « c’est vrai, mon fils est guérit de son cancer, ce couple en difficulté s’est remis ensemble, ma petite-fille a trouvé du travail, mes enfants qui ne pratiquaient plus sont comme ressuscités par un nouveau départ. »
Jésus, nous invite tous à une rencontre, la rencontre avec un Autre. Cet Autre, ce n’est que Jésus lui- même, mais sous les traits de celui qui me visite, celui des personnes de l’aumônerie, des aides- soignants, des infirmières, de ma voisine de chambre… Jésus nous invite à regarder, à ne pas seulement voir devant moi, mais autour de moi, à bouger ma tête, ouvrir mes bras, à accueillir cet Autre qui ne veut m’apporter qu’un peu d’amour.
« Allez rapporter à Jean le Baptiste ce que vous entendez et voyez » Lorsqu’on est malade, on a l’impression que le ciel nous tombe sur la tête, alors en plein milieu de nos déroutes, notre vieillesse, nos souffrances, Jésus nous propose de regarder et d’écouter, de discerner sa présence à nos côtés. « Je serai là tous les jours jusqu’à la fin des temps ! » disait-il à ses Apôtres inquiets. Lorsque nous savons nos proches avec nous, le combat est plus facile, Jésus lui aussi combat à nos côtés, mais nos yeux s’embrouillent par la peur, par le manque de confiance que nous mettons en lui. Portons notre regard plus loin, vers ces petits signes, ces petites rencontres qui nous disent par des mots d’amour, des gestes de tendresse, que Dieu habite la terre, mais qu’il ne sauvera pas le monde sans nous.
A voir Jean-Baptiste ainsi douter, cela peut quelque part me rassurer, car je crois que nous entrons bien dans ses doutes. Ne nous arrive-t-il pas souvent de dire : « Je ne comprends plus ce qui se passe dans notre monde, je ne comprends plus Dieu, qu’est-ce qu’Il peut bien faire. » Mais Jésus répond à toutes ces questions qu’on se pose et qu’on lui pose : « Les boiteux marchent, les aveugles voient… »
Un Dieu absent ? Non, Dieu se manifeste par des résurrections qu’il permet à chacun de nous de vivre : lorsque je reprends vie après une dépression, lorsque je me remets à espérer après ma maladie, lorsque la vieillesse est devenue un bonheur ! Jésus nous invite à regarder autrement, comme il l’a demandé aux disciples de Jean. Courage !