Méditation pour le 31ème dimanche du temps ordinaire
« Curieux comme Zachée ? »
Eh ! Oui, Jésus est allé loger chez un pécheur ! Jésus s’est invité chez Zachée, le percepteur à la solde de l’ennemi. Un scandale aux yeux de certains : celui à qui on n’adresserait pas même la parole, et qu’on n’inviterait surtout pas à sa table, Jésus va jusqu’à loger chez lui. Il est allé loger chez un pécheur !
Nous sommes souvent choqués d’apprendre qu’un tel a construit sa maison grâce à des affaires louches ou qu’un autre vit au-dessus de ses moyens. Peut-être vous rappelez-vous le président de l’ARC (Association pour la Recherche contre le Cancer) qui avait en son temps détourné les dons de milliers de généreux donateurs, pour se construire une piscine, s’acheter de belles voitures, pour faire de grands voyages… Ne sont-ils pas tous les « Zachée » d’aujourd’hui ?
Il est si important « le regard » vers l’autre. Il peut flageller, condamner, tuer ! C’est encore plus vrai lorsqu’on est malade, l’aspect physique, la perte de cheveux attirent le regard des autres : « Qu’est-ce qui lui arrive ? » Inévitablement, on ressent ce regard qui peut être de la curiosité, mais aussi de la compassion. « Jésus leva les yeux… » Son regard s’est porté sur Zachée. Qu’a-t-il vu ? Un escroc ? Non, il a vu en lui un homme rejeté par tous. Le seul regard de Jésus a suffi pour faire comprendre à Zachée que Dieu l’aimait. Ainsi, nous aussi, laissons-nous regarder par Jésus, par ce regard qui transforme et qui s’invite dans notre cœur. « Zachée descends vite, je veux demeurer chez toi… » Quel bonheur, je suis sauvé !
Le récit fait par St Luc, n’est pas sans me rappeler une histoire analogue, celle de Martine. Martine se promenait dans Strasbourg, lorsque par curiosité elle entra dans la cathédrale pour la visiter. Elle qui n’aimait pas les églises, elle qui n’y entrait jamais, ne comprit pas qu’elle force l’attirait ce jour-là à rentrer la visiter. A l’intérieur de la cathédrale elle rencontra le Seigneur qui l’y attendait, puisqu’elle en ressortit transformée, convertit.
C’est aussi la curiosité qui poussa Zachée le chef des collecteurs d’impôts, à venir voir à quoi ressemblait celui dont on lui avait si souvent parlé. Comme il était de petite taille, il s’était perché dans un arbre pour voir passer Jésus. Jamais, il n’aurait imaginé ce qui allait lui arriver. Au moment où Jésus passait sous l’arbre, il leva les yeux et dit à Zachée : « Descends vite, il faut que j’aille demeurer chez toi ! »
Jésus accepte Zachée tel qu’il est. Il est pécheur, il est seul, il a besoin de quelque chose d’autre que d’argent. Jésus a vu dans Zachée quelqu’un qui veut réaliser le désir de faire le bien et de rendre sa foi active. Zachée, c’est en fait l’histoire de milliers d’hommes et de femmes qui ont rencontré Jésus. En tant que malade ou personne d’un certain âge, sommes-nous prêts à changer notre vie, nos paroles, nos actions, notre façon de réagir comme Zachée l’a fait ?
Ou cette autre anecdote d’un papa qui me racontait qu’ils étaient à Rome pour les vacances. Ils avaient projeté de voir tous les monuments, mais soudain l’idée leur vint d’aller voir le Pape François. Il y avait foule ce jour-là me dit-il et comme il n’y avait ni estrade, ni arbre pour voir quelque chose, il prit son fils sur ses épaules, pour que lui au moins puisse voir. Le papa devint en quelque sorte son sycomore. En redescendant des épaules du papa, le petit Alexandre était heureux, son visage exprimait de la joie. Il avait vu celui vers lequel se tournaient tous les regards.
Le pape n’est pas Jésus, mais son serviteur et Alexandre n’est pas Zachée. Que retiendra ce petit garçon de cette rencontre ? Et nous ? A chaque visite que retenons-nous ? Zachée comme le petit Alexandre se sont hissés vers le haut pour voir et chacun d’eux a retenu qu’une rencontre apporte de la joie, du bonheur.
Nous ne sommes pas les passants de Jéricho, mais le Christ est présent à nos vies de malades, de personnes âgées, il est là à la croisée des chemins, lorsque la maladie se déclare, lorsque plus rien ne va et qu’il faut intégrer la maison de retraite. A ce moment-là, nous devons aussi prendre de la hauteur, comme pour sortir la tête de l’eau, pour mieux contempler, dans la prière et la méditation, Dieu qui vient vers nous. « Zachée descend vite, il faut que j’aille demeurer chez toi. » C’est à nous aussi de recevoir le Christ dans notre cœur.