Méditation pour le 2ème dimanche de Carême C
« Un autre visage…»
Depuis quelques temps déjà, Jésus annonce à ses Apôtres les souffrances à venir et le passage par la Croix. Alors quoi de plus normal, que la crainte gagne leurs cœurs, et qu’ils se posent des questions en aparté à son sujet.
Lorsqu’on ne va pas bien, ça se voit, et souvent nous répondons aux questionnements par : « Mais si, ça va… » Pourtant, on est observé par notre entourage inquiet, car il ressent que quelque chose ne va pas. Mais est-ce que pour autant on nous comprend ?
Si les Apôtres ne comprennent pas Jésus, c’est qu’ils ne saisissent pas encore qui il est vraiment. Et c’est là, en fin de journée, que Jésus emmène ses trois amis, Pierre, Jacques et Jean sur la montagne pour prier. Or voilà que Jésus fut transfiguré : son être se remplit de lumière. Puis une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils que j’ai choisi, écoutez-le ! » Cette transfiguration a pour but de montrer aux trois Apôtres que Jésus est bien le Fils de Dieu.
Les Apôtres ont vu Jésus rayonnant de lumière, il les a éclairés. Nous aussi, nous avons besoin de cette lumière, qui nous permettra de ne plus marcher dans les ténèbres et de rassurer la famille.
« Pendant ce Carême, je veux essayer de changer, que dois-je faire, comment dois-je m’y prendre ? » Comment puis-je changer mon cœur, encombré par les soucis de santé, par les conflits que la maladie engendre ? Dans l’Évangile de ce second dimanche de Carême, Jésus nous emmène avec ses trois compagnons sur la « Montagne ». Là-bas pendant qu’il priait, « son visage apparut tout autre et ses vêtements devinrent d’une blancheur éclatante. » Ses trois amis le virent « transfiguré » enveloppé de lumière. Malades ou âgés, nous sommes aussi invités à venir prier à l’écart, à prendre du temps pour se laisser transfigurer par la lumière du Christ, et devenir lumière à notre tour.
Il y a tant de personnes qui sont envahis par les ténèbres, qui errent dans la nuit la plus totale, accablés par le chômage, les dettes, la maladie mais qui à force de prières, de luttes et de combats sortent enfin après des années du tunnel pour accéder à la lumière. La prière transfigure et elle fait de nous, petit à petit des « transfigurants », c'est-à-dire qui transfigurent à leur tour. Des malades condamnés par la médecine, des personnes âgées, transfigurent souvent par leur rayonnement intérieur tous ceux qui les approchent, tant ils ont foi en Dieu et en son amour. Seigneur éclaire également mon cœur.
Le visage est le reflet de l'âme. On peut y lire la tristesse, la souffrance l'angoisse mais aussi la joie, la paix, l'amour, le bonheur. Le regard devient alors transparent. La personne est transfigurée et son rayonnement atteint son entourage. Sa paix intérieure, sa confiance, sa joie de vivre sont contagieuses et cela nous fait du bien. Ainsi en est-il de Jésus : quand il porte son regard sur nous, c'est le visage de Dieu qui apparaît « Celui qui me voit ; dit Jésus à Philippe, voit le Père ». Quand nous prions, quand nous rentrons en nous-mêmes, nous contemplons le reflet du visage de Dieu, au fond de notre cœur. Quand nous regardons notre frère, son visage reflète quelque chose de cette image de Dieu qui l'habite.
Le visage de Dieu est défiguré par la souffrance, par les idées fausses que nous nous faisons de lui, par la haine et la méchanceté. C'est le visage de Jésus trahi, flagellé, couronné d'épines, cloué sur la croix. C'est aussi le visage de ses ennemis. Ainsi quand Dieu regarde l'homme malade, souffrant, il voit le visage de son Fils.
C'est ce visage transfiguré que les disciples ont vu sur la montagne. La vision devait leur permettre de ne pas désespérer dans l'épreuve. L'évangile nous invite à contempler, à notre tour, le visage du ressuscité, car c'est à cela que nous sommes appelés.
Amen