Méditation pour le 8ème dimanche ordinaire C
« C'est le coeur qui est au centre de tout…»
Le passage de ce dimanche rassemble cinq petites paraboles prononcées par Jésus en Galilée. La parabole des deux aveugles, celle du maître et du disciple, celle de la paille et de la poutre, celle de l’arbre et de ses fruits, enfin celle du trésor du cœur. Elles invitent à la lucidité sur soi, à l’humilité et à la conversion du cœur. Ce sont aujourd’hui cinq conseils de vie adressés aux disciples, qui en disent long sur l’homme. Mais c’est la finale du texte qui m’a marquée et que je voudrais vous partager. Elle est une réalité, on parle toujours de trop et comme l’ont dit : « Toute parole n’est pas bonne à dire. » Et Jésus nous le dit bien que l’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon. Donc ces paraboles sont dites pour nous qui les entendons.
« La bouche parle ce dont le cœur est plein… » C’est la finale de l’Evangile de ce dimanche. La personne âgée que je visitais, me parlait à chaque visite pendant près d'une heure de Dieu, de son amour, de l'Evangile. Elle vivait avec Dieu, et son cœur débordait de joie et d'amour pour ce Dieu qu'elle priait jour et nuit. Je peux dire qu'elle avait soif de Dieu, alors que pouvait bien sortir de son cœur ? Cette personne était à l'image de Marie la sœur de Marthe assise aux pieds de Jésus pour l'écouter, pour écouter la Parole de Dieu. Jésus dira à sa sœur : Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. En fait, Marie, remplissait son cœur de la présence et des Paroles de Jésus, elle en vivait et elle en parlait. Parler comme parlait et ce que disait Jésus, il est comme je le rappelais l’autre semaine, notre Girafe, car c’est le cœur qui importe, un cœur débordant d’amour.
A Forbach, Maryse organise chaque année une formation appelée : « Le cœur qui discerne ! » Un parcours d'initiation au discernement spirituel. Apprendre à discerner avec son cœur, c'est-à-dire avec l'amour qui s'y trouve. Un cœur où réside la haine, ne peut pas discerner quelque chose de bon, mais il n’y verra que la haine à reproduire. Jésus nous le redit : « Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri, jamais non plus, un arbre qui pourrit ne donne de bons fruits. » En fait, nous ne savons pas ce qui se passe dans le cœur des hommes, mais les mots révèlent leur cœur. « Surveille un peu ton langage » disait toujours maman. Notre parole ne doit pas déchirer l’autre, mais elle doit au contraire naître de la bonté du cœur, elle doit apporter de la chaleur, de la compréhension, des mots qui parlent à un autre cœur, qui est souvent en détresse…
On a toujours les oreilles qui trainent, comme les enfants, qui entendent ce qu'ils ne devraient pas entendre. Oui, on est à l’affut de toute parole, de ce qui se dit, sur nous ou contre nous et nous en sommes souvent touchés. C'est notre cœur qui est touché. Combien de fois, avons-nous déjà demandé pardon à l’autre pour une parole mal placée, mal dite et mal comprise ? Mais qu'est-ce qui déborde de notre cœur ? Jésus nous dit « Tu aimeras le Seigneur Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et ton prochain comme toi-même. » Lorsque sur la route d'Emmaüs au troisième jour, deux hommes parlent de ce que leur cœur déborde, ce n'est de pas la haine ou de la vengeance, qu'il contient, mais la tristesse et la déception. Puis, le troisième homme qui s'approche d'eux, va leur ouvrir le cœur : « Cœurs lents à croire... » leur dit-il, il délivre leur cœur de l'emprise du désespoir, pour leur permettre de dire l'amour et la résurrection de Dieu.
Dans notre société, on exploite toute parole, souvent en la sortant de son contexte. Vivre ensemble demande du respect, de l’attention, en accueillant l’autre à l'écouter et prendre le temps du discernement en ne livrant pas ses propres jugements, ni exprimer ses colères qui surgissent. Ainsi, parler avec quelqu’un qui nous écoute fait naître en lui une parole qui construit et ne détruit pas. Un malade, ressent tout de suite, ce qui déborde de votre cœur, car ce que vous lui dite, est ce dont votre cœur est rempli, de la compassion, de l’amour entre autres.
Suivons les recommandations de Jésus, et nous serons comme de bons arbres dont les fruits seront l'amour, la fraternité, la joie, l'harmonie, la paix. Si nous les négligeons, nous serons comme un arbre mauvais dont les fruits seront la haine, les tensions, la jalousie, et des paroles qui tuent ! On reconnaît un bel arbre à ses beaux fruits, alors qu’en est-il pour toi ? Un arbre à couper et à replanter ? Ou de demander le sacrement de la réconciliation pour un cœur nouveau ? Le carême qui va débuter mercredi, nous y invite.
Amen