Méditation pour le 25ème dimanche ordinaire B
« Et pour moi qui est-Il ?… »
Il y a quelques années, un professeur en chirurgie de la clinique de Schiltigheim avait l’habitude de recevoir toutes les familles des patients qu’il opérait, consacrant ainsi son temps précieux à les écouter et à les rassurer. Pour ce professeur, les patients étaient bien plus importants que le poste de chef de service qu’il occupait.
Ce que ce professeur a fait pour ces familles, c’est exactement ce que Jésus nous enseigne dans l’évangile de ce dimanche : « Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »
Dans l’Evangile il y a des personnes autour de Jésus qui ont l’intention de le proclamer roi. Mais Jésus affirme à ses disciples qu’il ne veut pas choisir la voie du triomphe humain ; il annonce plutôt, pour la deuxième fois, un destin difficile : sa passion, sa mort … et sa résurrection …
Les disciples de Jésus étaient gonflés d’ambitions personnelles et se demandaient entre eux qui était le plus grand, alors il leur dit : « Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous ». Il prend même un enfant, l’embrasse et dit : « Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c'est moi qu'il accueille… » Aux yeux de Jésus, celui qui est grand, c’est celui qui sert les autres, le dernier de tous. Alors c’est bien à l’hôpital du fond notre lit, que nous comprenons que l’humilité est la voie choisie par Jésus. Qu’elle devienne aussi la nôtre !
Alors que nous propose Jésus aujourd’hui ? Une démarche d'humilité, de simplicité, d'amour : « Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier et le serviteur de tous ». Alors l'autre n'est plus le concurrent que je dois dominer, écraser. Il devient mon frère et il n'a plus rien à craindre de moi. En le servant, je m'en fais un allié, un ami. Je grandis à ses yeux. Je deviens son soutien et j'occupe une place dans son cœur. Et lui-même compte pour moi. Je le vois avec un regard neuf. Les plus petits services prennent alors une valeur insoupçonnée : une parole juste, un sourire, un geste, peuvent apporter une grande consolation et paix dans les épreuves et les difficultés de ceux vers qui je vais.
Et puis servir peut-être tout simplement savoir écouter celui qui a besoin de partager sa souffrance, sa solitude. En cela, nos mamans ne sont-elles pas la figure de celle qui fait d’abord passer ses enfants avant de penser à elle ?
Servir, en maison de retraite, à l’hôpital, c’est toujours possible en s’approchant des autres. Jésus lui-même s'est impliqué à servir ses frères en humanité en guérissant les cœurs, les corps et les âmes. Son action, son Amour sont apparus suspects aux yeux des bien-pensants de son temps. Il fut cloué sur une croix. Jésus est mort pour ceux qu'il aimait et qu'il servait. Si quelqu'un a accepté d'être le dernier et le serviteur de tous, c'est bien lui.
« Prenant un enfant, il le plaça au milieu d’eux et l’embrassa… » Ce geste de la part du Christ, ne serait-il pas l’occasion pour nous chrétiens de se demander si le faible, le pauvre, le rejeté, le malade, la personne âgée ou simplement celui qui n’est pas comme nous, sont vraiment au cœur de nos préoccupations, et si nous leur manifestons la même tendresse que celle du Christ à l’égard des enfants ? Savons-nous nous émouvoir de l’amour du Seigneur pour tous ces pauvres ? Comment nous plaçons-nous ? A être le premier ou le dernier de tous comme serviteur ?
Le Christ lui-même a revêtu l’habit du Serviteur et après avoir lavé les pieds de ses disciples leur a recommandé de faire de même envers tout homme. L’habit de serviteur nous est aussi confié, pour visiter, apporter une parole, un réconfort à celui ou celle qui souffre plus que moi, qui se pose des questions sur son avenir. Ainsi, l’enfant, comme le malade, la personne âgée, des êtres fragilisés, sont le trésor de l’Eglise. St Laurent, un diacre du 5ème siècle, devait par ordre de l’empereur, lui remettre tous les trésors de l’Eglise, pour ce faire, il lui amena tous les pauvres… richesse de l’Eglise.
Il est clair, que lorsque nous nous donnons aux autres, on s’oublie soi-même, et pour cela il nous donne sa force qui se déploie en nous.
Amen