Méditation pour le 17ème dimanche du Temps ordinaire
« La faim... Mais de quoi ??? »
Cinq pains pour cinq mille hommes ! C'est vraiment peu, c'est à peine une goutte dans un verre d'eau. Mais ce pain partagé, offert, par ce jeune homme, pour soulager ceux qui ont faim, est un geste d'amitié. Jésus est arrivé à la montagne, et cette foule l'a suivi pour l'écouter et voir les nombreux signes de guérison, que Jésus effectue sur des malades, mais il se fait tard, et personne ne songe à rentrer chez lui.
Toute la foule qui suivait Jésus, avait faim de pain, de ses paroles et beaucoup d'amitié. Pour rassasier la foule, Jésus a besoin de ce jeune homme bien prévoyant qui n'hésite pas à donner ses pains et ses deux poissons. Pour continuer sa route, l'homme a besoin de deux sortes de pains. Le pain blanc ou pain de tous les jours, c'est celui qui sort du fournil du boulanger. Enfin il y a aussi le pain Eucharistique, celui que le Seigneur nous donne à chaque Messe, pour nourrir notre âme et nous rendre plus fort pour le combat de la vie.
Pourtant, il suffit que je donne un peu de moi-même, que je donne de mon indigence pour que le monde change, pour que le monde ressemble au visage d'amour de Dieu. Mais vous malades qui ne possédez plus rien, si ce n'est votre vie, et quelques souvenirs, vous pouvez encore offrir, ce don gratuit de soi-même, votre sourire qui ne coûte pas grande chose, mais qui engage tellement.
« Il y a ici un enfant qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » Les petites quantités n’inquiètent pas Dieu. Ce qui compte aux yeux de Dieu, c’est l’intention que l’on met au moment de donner. Le Seigneur aime que l’on fasse le bien avec beaucoup d’humilité. Nous n’avons peut-être que peu de choses à offrir, mais l’important c’est de l’offrir généreusement et avec un cœur humble.
La générosité, ce n’est pas seulement faire l’aumône, ou donner à manger à celui qui a faim, mais c’est aussi donner un peu de son temps, se donner. Les occasions de se donner sont innombrables. Le don de soi ne se vérifie que lorsqu’il nous a vraiment coûté. Peu ou beaucoup, la quantité n’a pas d’importance. Ce qui a du prix, c’est de donner avec joie et amour. C’est lorsque cela nous coûte que notre geste est vrai et sincère.
Ce garçon n’avait sur lui, que ce que sa maman lui avait donné comme goûter, mais il le donne sans même penser à lui. Cette façon d’agir me rappelle qu’à l’hôpital, de nombreuses personnes alitées dans la même chambre, sont souvent sans aucune visite. Spontanément vous leur donnez et partagez l’amitié, la parole… Ce peu que vous semblez donner est pourtant aussi une forme de partage…
Que représente pour vous le pain ? Bertrand à ce sujet disait : « J’étais interné pendant la guerre dans un camp de concentration. Nous avions droit, lorsque tout allait bien, à un morceau de pain rassit. Moi qui aimait tant le pain, j’en rêvais de manger un bon morceau bien grand, bien blanc. Alors dans la prière que j’ai formulée, j’ai dit au Seigneur, que si je parvenais à sortir vivant de ce camp, que plus jamais, je ne jetterai ou gaspillerai un seul morceau de pain. »
Jésus connaît nos faims. Il est soucieux des hommes, il sait même avant de poser la question à Philippe ce dont la foule a besoin. Il sait que la foule a faim, et a besoin de nourriture physique, pour mieux accueillir ses paroles, et accéder ainsi à une faim spirituelle.
En tant que malade ou personne âgée, vous savez ce que la faim représente pour vous. Après une opération, on n’a pas faim, après une séance de chimio rien ne nous goûte. Mais la faim reste présente, mais sous une autre forme : faim de visite, faim de guérison, faim de partage, faim d’espérance… C’est le désir qui provoque la faim. Lorsque l’aumônier viendra vous proposez le Corps du Christ, sachez lui dire : « J’ai faim, comble mon désir d’aimer. »
Amen